Mermiroirdinfini

mer

Lundi 14 juin 2010 à 0:20

Je te regarde aux détours de mes accords. Disharmonie. Je n'ai à présent plus rien à te dire, aucun mot ne saurait définir tes allures, nul phonème ne saurait accompagner tes démarches saccadées. Alors je me tais face à toi, reste distante tout autour de toi. Je déchire mes pensées en sanglots et refoule mon souffle saccadé, pour te donner l'impression d'un abîme de hauteur, d'un sublime dépassement qui masque à peine la crevasse dans laquelle je me vois tomber avec lourdeur. Tu gravites dans l'espace de mon avenir et j'étouffe, j'étouffe jusqu'à n'entendre plus qu'un bourdonnement animal. Tu ne me portes plus et je chute seule là où tu aurais pu m'élever si l'abord du gouffre ne t'avait pas tant effrayé. T'ignorer, parader avec la fierté pathétique de la jeunesse déjà trop emprunte de ta voix...voilà l'ivresse qu'il me reste dans cette vaine cacophonie qui ne résonne plus guère. Puisque tu ne m'entends plus, le silence se fait l'unique issue. Je contrôle ces restes de moi, ces entrailles entaillées par tes regards, le reflet de ma peau vieilli par ton aigreur afin de ne pas te contenter. Et ces restes de toi, trop anciens, trop lus qui ne demandent pourtant qu'à exulter je ne les verrai bientôt plus, laissant mes mots à d'autres, résistant au tourbillon de tes appels instables. Être sublimé aux accents de névrose, j'aurais tellement su t'offrir. Regrette les affres de ta force, les failles de ton contrôle puisqu'à présent lorsque tu tomberas, n'imagine plus mon regard s'adoucir et mon visage dur te défendre. La porte est close, le vent l'enchaîne, mes forces naturelles accompagnent désormais mon départ, celui auquel tu ne goûteras pas, dans une amertume momentanée dont tu ne pourras te délecter. Il est vain de te convaincre, il est inutile de t'accompagner dans tes routes de solitude. Ma bouche n'atteindra pas ta peau fripée, mes gestes ne t'appartiendront jamais, mes réponses ne solliciteront plus tes jeux vains. Monstre de décadence que l'inconnu a fait douter, avec toi est parti le désir d'éclaircir le mystère que tu construis avec tant de soin. Ta carapace singulière n'est en fait que peu de choses, ton silence que seule mon oreille pouvait percevoir, ta beauté masquée que seul mon œil pouvait révéler s'éloignent doucement de mes sens. Mon amour, mon profond amour, j'en ai soupé de toi. Mon adulte, tu me l'as fait devenir en devenant le contre-exemple même d'une passion saine. J'ai appris de toi en recevant ce qui m'appartenait déjà. Tu m'as rendu la liberté même si par toi je chute encore. Je t'aime, Ténèbres.

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